Par Jennifer Lachance
Qu’est-ce que le Canada a le droit et l’obligation de faire lorsque l’un de ses ressortissants est emprisonné à l’étranger, ou pire, condamné à mort? Cette question m’a bien torturé lors de l’un de mes mandats de recherche chez ASFC. La réponse en trois mots? Pas grand chose. Et cette réponse m’a dévastée. Face à des situations aussi déplorables qu celle de Robert Schellenberg, ressortissant canadien condamné à mort, je n’ai pu me résoudre à accepter que le droit n’ait pas de réponse claire. Alors comment fait-on, lorsque notre idéal de droit humain ne trouve pas écho dans le droit international, où l’État règne en monstre imposant ses moindres caprices?
On est terrifié. Clairement. Mais surtout, on se creuse les méninges afin de trouver un bout d’espoir sur lequel s’accrocher. Parce qu’on ne peut pas accepter le statu quo (qui le voudrait?). Parce qu’on sait qu’il y a ne serait-ce qu’une infime possibilité que cet idéal soit atteint si on a assez d’imagination pour marquer les esprits des prochains juges à qui seront présentées des violations de droits humains. Alors on ne baisse pas les bras. Je crois que c’est parfois cela, travailler en droits humains. C’est un combat de tous les jours qui est loin d’être facile. Mais lorsque ça fonctionne, ô combien est-ce satisfaisant. Et si une bataille ne définit pas le reste de la guerre, chaque mot, chaque recherche, chaque action devient les armes de demain.
Chez Avocats sans Frontière, ce combat se mène sur plusieurs fronts, partout dans le monde en même temps. Ainsi, alors qu’on reste dans la beauté inouïe de la ville de Québec, on en vient à travailler sur des dossiers de groupes armés non étatiques en Colombie, sur la situation des droits humains en Afrique, et on se voit parfois même donner l’opportunité d’influencer le futur de l’organisation en participant à la rédaction de propositions de projets ailleurs dans le monde. On en vient à rencontrer les gens formidables qui ont porté ces projets à terme sur le terrain en partageant un thé autour d’une table avec des Maliens, en recevant une présentation d’Haïtiennes venues partager toute l’expérience qu’elles ont acquise auprès de la société civile avec ASFC, en écoutant des histoires cocasses avec des coopérants venus des quatre coins de la planète finir leur stage à Québec. Bref, on en vient à partager de nous, de notre culture, mais également à voyager à travers chacune de ces inoubliables rencontres qui forment les fondations de chacune de nos batailles en droits humains.