Par Sophie Kassel
Le 28 juin dernier, le Native Law Centre (NLC) a conclu son cours d’été. Après un lunch pour célébrer la fin des examens, nous nous sommes dirigés vers l’auditorium pour que les enseignants, assistants de cours et étudiants puissent se dire au revoir. Pendant qu’on distribuait les certificats, les étudiants ont été invités à dire un mot sur leur expérience devant la classe. Assumant que la majorité des élèves serait trop timide pour y participer, je fus surprise que presque chaque élève se soit présenté. Chaque réflexion était unique , incluant des étudiants qui parlaient de leur appréciation inattendue pour la ville de Saskatoon et d’autres de leurs nouveaux amis dans le programme. Les thèmes de la fierté, la réussite et le sentiment de communauté ont été souvent abordés. En quittant le NLC pour poursuivre leurs études à travers le Canada, les élèves commencent leur première année en droit avec de l’expérience en lecture et analyse juridique. Le NLC souhaite assurer qu’ils soient le mieux préparés pour cette année charnière.
Le cours d’été qui enseigne le droit des biens joue un rôle vital dans le mouvement qui cherche à augmenter la quantité d’avocats et de juges autochtones. Des facteurs systémiques, tel qu’un accès inégal à l’éducation post-secondaire et les frais de scolarité rendent les professions juridiques non-représentatives de la société canadienne.[1]Les étudiants autochtones sont sous-représentés à travers les écoles de droit, menant à une faible représentation d’avocats et de juges autochtones dans la profession.[2]Quand le NLC a lancé son cours d’été en 1973, il n’y avait que cinq étudiants autochtones en droit et quatre avocats autochtones à travers tout le Canada.[3]Même si les universités essaient de répondre à cette sous-représentation en admettant plus d’élèves autochtones dans leur programmes de droit, les statistiques démontrent que le taux de réussite (la proportion d’élèves qui réussissent à obtenir leur diplôme en droit) est plus faible chez les élèves autochtones.[4]Il faut donc que les universités fassent un effort pour non seulement admettre plus d’élèves autochtones dans leurs écoles de droit, mais aussi assurer que ces élèves aient l’appui dont ils ont besoin pour avoir du succès dans leurs études.
Le programme du NLC aide à répondre à cette deuxième responsabilité. Le cours d’été prépare les étudiants autochtones pour leur première année en droit à travers un cours intensif de huit semaines portant sur le droit des biens. À la fin du cours, les élèves ont acquis de l’expérience avec la lecture et l’écriture juridique, ce qui va leur permettre de commencer leur année scolaire avec certaines compétences requises pour avoir du succès dans leurs études. L’importance du programme s’étend au-delà de l’apprentissage des compétences d’analyses juridiques. Ce programme offre une solution à l’exclusion des voix autochtones des écoles de droit.[5]À travers ses professeurs et conférenciers autochtones, le NLC crée une communauté où les étudiants peuvent avoir un sentiment d’appartenance et d’appui. Lorsque la directrice Kathleen Makela a donné un discours lors de l’orientation du programme, elle a indiqué que chaque classe était planifiée dans des salles différentes de sorte que les élèves se sentent confortables de prendre leur place dans la faculté. Le programme d’été essaie d’encourager un sentiment d’appartenance à la profession juridique.
Après avoir terminé le programme au NLC, les élèves de cette année vont commencer leurs études en droit dans des universités à travers le Canada : l’Université de Victoria, l’Université de la Colombie-Britannique, l’Université de l’Alberta, l’Université Windsor et d’autres encore. Voyant tous les étudiants à la cérémonie à la fin du programme, j’étais triste qu’aucun d’entre eux ne poursuive ses études en droit à McGill. Même si je comprends qu’il y a plusieurs facteurs qui influencent le processus d’admission autant que le choix de recommander à un appliquant de poursuivre le cours d’été au NLC, il reste que le cours d’été offre de nombreux bénéfices. Les élèves sont introduits à l’étude du droit sous le mentorat de professeurs autochtones et on leur offre le soutien dont ils ont besoin quand on considère l’exclusion historique des élèves autochtones de telles institutions universitaires. De plus, le succès du programme du NLC se démontre dans les statistiques, comme celui que les trois quarts de tous les avocats autochtones au Canada y ont participé. J’espère qu’il y aura un ou plusieurs élèves du programme NLC qui intègrera la faculté de droit de McGill l’an prochain.
[1]Sonia Lawrence and Signa Shanks, “Indigenous Lawyers in Canada: Identity, Professionalization, Law” (2015) 38 Dalhousie L J 2, at 510
[2]Peter Devonshire, “Indigenous Students at Law School: Comparative Perspectives” (2014) 35 ADEL L REV at 311-312
[3]Devonshire, at 311
[4]Devonshire, at 312
[5]Lawrence and Shanks, at 513-514