Jasmine RazaviPar Jasmine Razavi

Comme toutes les bonnes choses doivent un jour prendre fin, cette semaine est la dernière semaine de mon stage à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Je me sens extrêmement chanceuse d’avoir pu compléter ce stage, alors qu’il était incertain que cela puisse être le cas il y a quelques mois à peine.

L’expérience que l’on acquiert en commençant un nouvel emploi ou un nouveau stage est toujours unique. Bien que j’aie fait de nombreuses recherches jurisprudentielles pour appuyer les avocates de la Commission dans leurs arguments juridiques, ce qui se prête bien au télétravail, je n’aurais pas pu apprendre ce que j’ai appris dans les dernières semaines en faisant simplement des recherches seules, durant mon temps libre.

L’apport des avocates supervisant mon travail, me posant des questions pour approfondir mes recherches ou pour que j’envisage de nouvelles pistes, corrigeant au passage les accros et les erreurs de compréhension, m’a permis d’acquérir un niveau de connaissance plus poussé sur le statut des droits de la personne au Québec. Le plus enrichissant reste d’apprendre les secrets du métier – de l’insider information, comme on dit souvent en anglais. Bien que je n’aie pas eu l’expérience habituelle du travail collaboratif aux bureaux de la Commission, la communication constante avec les avocates me supervisant m’a permis d’apprendre de précieuses informations qui ne viennent qu’avec le temps et l’expérience.

J’ai notamment travaillé sur des questions portant sur l’abus de procédure dans les tribunaux administratifs, l’engagement de la responsabilité personnelle des administrateurs et des employeurs lors d’une faute d’un employé, le profilage politique et le désaveu d’experts, les accommodements raisonnables pour les personnes souffrant de limitations fonctionnelles permanentes, et la montée en popularité et la légalité des questionnaires médicaux imposés par les employeurs.

Ces recherches avaient toutes un point commun : elles sont toutes absolument concrètes et basées sur la réalité, contrairement à un travail de recherche académique, qui explore des avenues hypothétiques souvent assez floues. Derrière chaque argument avant-gardiste de la Commission, pour lequel je devais parfois tenter de répondre à des questions jamais posées auparavant, se trouve le dossier d’une personne de Montréal, de Québec ou de la Beauce, attendant anxieusement le résultat d’une action juridique pouvant impacter sa vie de manière majeure.

Le sentiment de faire quelque chose d’utile, ayant des conséquences tangibles parfois même à court terme, ne me quittait pas. Même les recherches plus étoffées que je faisais, qui étaient d’intérêt plus général, serviraient de références futures pour les avocates des services juridiques.

Mes superviseuses de stage parlaient de dossiers qu’elles connaissaient sur le bout de leurs doigts et des cas plaidés à la cour avec passion. Je sentais, à travers elles, que le coup de main que j’apportais avait de l’importance. Aucun argument juridique potentiel ne me semblait tiré par les cheveux, au contraire; les arguments inusités démontraient un véritable désir de sortir des sentiers battus afin de faire progresser les droits de la personne.

Les discussions accompagnant les cas plus pointus m’ont permis de comprendre pourquoi certains arguments ne seraient pas utilisés, d’observer le raisonnement des avocates dans les étapes de remue-méninges et de repérer les erreurs à éviter – des situations que je n’aurais pas vécues et dont je n’aurais pas pu apprendre de manière autonome.

Je suis donc extrêmement reconnaissante d’avoir pu compléter mon stage à la Commission dans les circonstances inédites de l’été 2020. Je tiens à remercier tous ceux et celles qui ont pris le temps de m’écouter et de répondre à mes questions, et j’espère sincèrement que nos chemins se recroiseront bientôt.