Par Attou Mamat

Avertissement de contenu : La publication qui suit contient des références à des violences meurtrières, au racisme et à la détresse psychologique.

Le 8 juin dernier, j’ai pu assister à une rencontre réunissant l’ensemble du personnel de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. La Direction de la recherche de la Commission a présenté le Bilan de la mise en œuvre des recommandations du Rapport de la consultation sur le profilage racial et ses conséquences à plus de 150 employées, employés et membres. Le président de la Commission a ouvert la rencontre avec un mot sur deux événements, soit la découverte des dépouilles de 215 enfants autochtones sur le site d’un ancien pensionnat à Kamloops en Colombie-Britannique et l’attaque qui a tué quatre membres de la famille musulmane Afzal à London en Ontario. (Aussi, le Cabinet du procureur général du Nouveau-Brunswick venait d’annoncer qu’aucune accusation criminelle ne serait déposée contre le policier d’Edmunston qui a abattu Chantel Moore, une jeune femme autochtone, alors qu’elle était en situation de détresse psychologique.) Ces événements qui occupaient tous nos esprits nous rappelaient l’importance du travail qu’entreprend la Commission en matière de lutte contre le profilage racial et la discrimination systémique. 

Lorsque je pense à cet aspect du mandat de la Commission, je me rappelle les mots du président devant qui, la veille de la rencontre, j’ai prêté serment avant d’assumer mes fonctions de stagiaire. Le président m’a expliqué que la Commission est redevable à la population via l’Assemblée nationale, sans interférence du pouvoir exécutif. À mon sens, cette indépendance est particulièrement pertinente dans le contexte actuel, alors que la Commission se retrouve dans une position particulière où elle doit collaborer avec un gouvernement qui refuse de reconnaître l’existence du racisme systémique.

En valorisant l’expertise de chercheuses et chercheurs dans le domaine de l’antiracisme et le vécu de personnes racisées, la Commission semble avoir une longueur d’avance sur les ministères et organismes publics, qui peinent à mettre en œuvre ses recommandations. L’implantation de mécanismes de reddition de comptes pour évaluer cette mise en œuvre est d’ailleurs un défi auquel la Commission est confrontée. Sans indicateurs fiables, on ne peut évaluer les moyens pris dans le secteur public pour lutter contre le profilage racial et la discrimination systémique. Comment alors convaincre de cela un gouvernement qui nie le problème? Je suis d’avis que la solution passe par une multitude d’approches combinant les efforts d’organismes communautaires, de mouvements populaires, de groupes de pression, et de tant d’autres forces de changement social. 

Le rôle de la Commission dans tout ça? Soutenir ces divers acteurs et leurs membres dans la reconnaissance des droits et libertés fondamentaux pour toutes et tous. Je suis donc reconnaissante de pouvoir y faire mon stage cet été.