Par Yasmine Amar

30 mai 2022. C’est ma première journée. Je suis paralysée devant le majestueux bâtiment qui me surplombe, le 360 rue Saint-Jacques. Je m’apprête à devenir officiellement stagiaire pour la Commission des droits de la personne et de la jeunesse, non seulement un organisme phare de l’écosystème québécois, mais un vrai pilier de notre démocratie. Pour être honnête, je suis un peu stressée de rentrer, mais je sais que je dois le faire. Après tout, il ne faudrait pas être en retard pour sa première journée.

Le 360 rue Saint-Jacques
Et son hall d’entrée…

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Aujourd’hui, nous sommes le 15 juin 2022. Un mercredi. Cela fait deux semaines environ que mon stage a débuté, ici à Montréal. Cette journée est un jour spécial, un jour où tous les employés de la Commission, peu importe leur département, se réunissent à l’hôtel l’InterContinental du Vieux-Port pour la rencontre annuelle de l’organisme. Au menu, des conférences sur notre mandat jeunesse ainsi que des activités pour apprendre à se connaitre et créer des liens. C’est aujourd’hui que je rencontre enfin les autres départements, moi-même faisant partie de celui des Affaires juridiques. Nous nous occupons surtout de représenter les citoyens dont les droits ont été enfreints devant les tribunaux. Avant cet après-midi, je n’avais pas réellement réalisé l’interdépendance nous liant tous. Que ce soit le département des enquêtes, qui s’occupe d’amasser toute la preuve nécessaire à notre travail litigieux, ou encore celui de la recherche, qui s’adonne davantage à l’étude des projets de lois déposés par le gouvernement, chaque département n’est qu’un rouage dans cet imposant système. Nous sommes tous une pièce du puzzle, un puzzle qui, je le réalise aujourd’hui, est caractérisé par l’ouverture, la gentillesse et la passion qui habitent ses employés.

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Cela fait maintenant deux mois que je suis stagiaire à la Commission. Mon stress a peu à peu été remplacé par une certaine aisance, un sentiment d’appartenance même. Alors qu’auparavant, tout mandat de recherche que je recevais m’apparaissait comme une gigantesque montagne, un mont insurmontable, dorénavant, je ne le vois que comme ce qu’il est : un simple défi. En fait, j’éprouve même du plaisir à recevoir des mandats difficiles. La satisfaction de partir d’un sujet dont on ne connait rien – ce qui, il faut l’avouer, m’arrive plutôt souvent – et en devenir experte en quelques semaines, voire jours seulement est un sentiment inégalé. Dans les dernières semaines, j’ai l’impression d’avoir été jetée dans une piscine de procédures, de règles de preuve et de principes de droit et d’avoir peu à peu appris à nager. Bien sûr, on m’a donné des flotteurs et des conseils lorsque j’en avais besoin, mais on m’a toujours laissé développer mon savoir et mes capacités par moi-même. C’est d’ailleurs un des éléments que j’apprécie le plus de mon stage jusqu’à présent : le respect et l’indépendance qu’on nous accorde. Loin des stéréotypes du stagiaire qui se démène à aller chercher des cafés, j’ai l’impression d’avoir au contraire été poussée à me dépasser et de m’être immensément développée de par les simples interactions que j’ai eues avec les avocates et autres stagiaires qui m’entourent. Il me reste encore un mois et je compte en profiter. Après tout, le droit québécois comporte encore tant de subtilités à découvrir.