Par Guillaume Lebrun Petel

J’aimerais conclure ma contribution au McGill International Human Rights Internship Blog par une courte réflexion sur ma première expérience de travail en droit et sur ma vie en Afrique. Je souhaite ainsi informer et, peut-être, inspirer les étudiants qui souhaitent se lancer dans l’aventure des stages internationaux.

Ce n’est un secret pour personne que les études à la Faculté sont principalement axées sur la maîtrise des concepts théoriques du droit. Sans chercher à critiquer cette orientation pédagogique, mon expérience m’amène à soutenir qu’un étudiant a fort à gagner en confrontant cesdits concepts aux réalités de la pratique en droit. Ainsi, le savoir qui naît de la rencontre entre la théorie et le réel peut avoir un impact considérable sur la façon dont nous approchons les problèmes juridiques.

Dans mon premier billet, j’ai décidé de vous parler de Maryam, de son travail et, plus largement, de l’impact que celui-ci avait sur mon quotidien durant mes trois mois au Sénégal. Au cours de mes dernières semaines à la RADDHO, je me souviens avoir lu un texte de la professeure Adelle Blackett où celle-ci mentionnait que le travail domestique – celui effectué par ceux qu’on appelait au Sénégal les « employés de maison » – avait une market-enabling function dans nos sociétés.

Si cette caractéristique m’avait paru audacieusement énoncée et intéressante en théorie, ce n’est qu’aujourd’hui de retour au confort de la bibliothèque Nahum Gelber que la formule me semble prendre tout son sens. En y réfléchissant bien, les tâches ménagères entreprises par Maryam rendaient possible l’envoi d’un foyer entier sur le marché du travail, de sorte que dans mon cas, elles me permettaient de me consacrer entièrement à mon stage et aux intérêts nouveaux qui en émergeaient.

Bien sûr, je comprenais pendant mon séjour que son travail facilitait le quotidien de ma famille d’accueil, mais c’est l’importance économique de son rôle qui, toutefois, me demeurait invisible. Malgré la proximité avec laquelle je bénéficiais de l’aide de Maryam, je ne perçois qu’à présent le grand décalage qui existait entre ma compréhension des concepts théoriques du travail domestique et le véritable impact que celui-ci a eu sur la qualité des apprentissages retirés et des expériences que j’ai vécues pendant mon stage.

Mes trois mois à Dakar m’ont enseigné l’immense savoir qu’il y a à gagner quand la théorie se fond au réel : les problèmes de droits de la personne s’en trouvent plus vrais, plus précis, plus complexes, et habitent plus rapidement l’esprit qui sait que leurs solutions n’attendent qu’à être traduites du concept au concret. Pour ma part, il me semble que c’est à ce niveau que réside toute la force du programme de International Human Rights Internship de McGill, et il s’agit du principal enseignement que je retire de mon été 2018.