Par Janelle Deniset
On utilise souvent l’expression « à l’autre bout du monde » comme exagération pour dire « c’est ben loin ça! » Cet été, je fais un stage à distance qui est littéralement à l’autre bout du monde. Treize fuseaux horaires, onze mille neuf cent vingt-cinq kilomètres, plus de dix-huit heures de vol; ceci représente la distance entre Winnipeg, Canada et Manille, Philippines.
Ayant vécu et travaillé à l’étranger à quelques reprises – à Prague, à Genève et à Nairobi – je sais qu’un des plus grands plaisirs est de s’immerger dans son environnement. Ceci est particulièrement important avec le travail des droits de la personne, puisqu’il est intimement lié au contexte dans lequel il opère. Vu la distance entre le bureau à Manille et mon appartement à Winnipeg, ceci fut un des plus grands défis de mon stage.
Dans les derniers mois, j’ai beaucoup réfléchi sur quels types de connaissances sont perdus lorsque nous travaillons à distance. Prenons comme exemple mon séjour au Kenya; j’ai travaillé avec une organisation kenyane, entourée de personnel d’Afrique de l’Est. À l’heure du dîner, je discutais avec eux de tout et de rien; de la popularité de WizKid à Nairobi au rôle de l’identité ethnique dans la politique kenyane. Pour plus de huit heures par jour, mon subconscient apprenait en arrière-plan sur des particularités sociales et culturelles, parfois intangibles, qui définissaient mon milieu. J’ai développé de véritables liens et amitiés avec mes collègues et, par conséquent, un sens de communauté avec eux.
Ce n’est que cet été que j’ai remarqué à quel point j’avais tenu ces connaissances pour acquises. Elles ont approfondi ma compréhension du contexte dans lequel je travaillais en éclairant les aspects sociaux et culturels plus subtils et en rendant mon travail plus réactif à mon environnement.
Il est plus difficile (mais pas impossible) de nouer des relations, de créer un sentiment de communauté et de bien comprendre les subtilités d’un milieu quand nous ne sommes jamais allés à cet endroit. Cela a été un défi important dans le cadre de mon stage aux Philippines qui se déroule en ligne et à distance. Sans faute de l’organisation pour laquelle je travaille, le format du télétravail n’est pas propice aux échanges informels et au partage de connaissances. La structure est plus rigide et ne se prête pas facilement aux interactions sociales et à la camaraderie. On oublie à quel point les cafés de dix minutes, les dîners d’équipe et les petites discussions avant ou après une réunion jouent un rôle à établir des relations et à favoriser des échanges d’information.
Mes collègues ont fait un très bon travail pour m’informer autant que possible et, au cours de l’été, j’ai acquis quelques connaissances sur les aspects plus subtils de mon environnement. Cependant, cela a pris plus de temps et un effort conscient de notre part. Autant que la distance crée une barrière, il est possible de la franchir, peu à peu, en fournissant un effort continu pour mieux comprendre notre contexte de travail et pour répondre aux besoins des communautés.